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Le Docteur Storm sillonne les routes et enchaîne les conférences pour exposer les réflexions de sa Commission sur la Phase Terminale de l’Être Humain.Pour en finir avec le déficit chronique de la Sécurité Sociale et anticiper les problèmes budgétaires induits par la prise en charge des soins de santé d’une population vieillissante et le paiement des pensions de retraite, ce groupe d’experts a été mandaté pour proposer des solutions nouvelles et efficaces.

 

Avec rationalité et bon sens, le Dr. Storm a résolu l’équation. Mais ses préconisations risquent de heurter l’opinion publique. Comment en effet, sans désamorcer les réactions émotives et compassionnelles, peut-on spontanément accepter que la vie d’un jeune père de famille actif ait plus de sens économique que celle d’un grabataire ou d’un tétraplégique, mais moins que celle d’un prix Nobel? Comment convaincre qu’une mort moderne, digne et utile, doive être librement consentie à un âge donné et que les matières premières générées doivent profiter à la collectivité par le biais d’un recyclage organisé ?

 

​L'auteur

 

Romancier et essayiste né en 1934 à Stockholm, Carl Henning Wijkmark fut critique littéraire, journaliste, traducteur. Depuis 1970 il se consacre entièrement à la création littéraire. Il est révélé au public français en 1986 avec la parution de La Draisine (Actes Sud), et il fut à cette occasion le premier écrivain suédois invité sur le plateau de Bernard Pivot. Outre la Mort Moderne, qui fit scandale en Suède dés sa sortie en 1978, ses ouvrages traduits en français sont Da Capo (Belfond),Toi qui n'existes pas (Esprit ouvert), Derniers Jours (Cénomane), et la Nuit qui s'annonce (Cénomane) pour lequel il reçoit en 2009 en Suède le prestigieux prix August.

 

 

 

Quelques extraits du texte de Carl Henning Wijkmark :

 

…mais si les moyens ne suffisent pas pour sauver tous ceux qui pourraient d’un simple point de vue technique être sauvés par la science moderne alors il faut soit laisser le hasard décider ceux qui doivent mourir, soit procéder à un choix rationnel impliquant une estimation comparative de la vie humaine, il n’y a pas de troisième solution…

 

… Tout ce complexe de dangereux tabous peut être résumé au moyen d’une formule très simple, il est interdit de permettre à l’économie de dicter des décisions d’ordre moral. Mais qu’est-ce que l’économie, les ressources matérielles, sinon le cadre de toute notre vie ? il est plus facile de sauter par-dessus son ombre que de briser ce cadre...

 

Au fond, les personnes âgées comprennent fort bien qu’on doit d’abord miser sur les classes d’âge actives et assurer le niveau de vie de celles-ci. Mais en même temps elles défendent leur retraite qu’elles conçoivent comme intangibles… nous constatons donc paradoxalement que si la société pose le problème en termes de choix entre l’argent et la  vie, la réponse que donnent avec  un soupir les personnes âgées, c’est qu’elles sont prêtes à renoncer à la vie…

 

…Ce à quoi nous visons c’est à une solution au niveau de la société : le droit garanti par la constitution de ne pas avoir à redouter une vieillesse prolongée et les maux qui l’accompagnent. Tous les citoyens de ce pays doivent pouvoir être assurés que lorsque sera atteint un certain niveau de maladie incurable de dépendance de sénilité, ou mieux encore un peu plus tôt que cela c’est–à dire dés un certain âge, la société interviendra pour administrer une mort exempte de souffrance et libératrice. Ce n’est pas quelque chose qu’on doive être obligé de quémander comme on mendiait jadis telle prestation sociale; le grand défi à venir sera de répandre dans le public cette nouvelle éthique de la vie et de la mort qui bien comprise ne s’oppose pas au respect de la dignité humaine mais contribue à l’accroître au contraire.

(traduction : Philippe Bouquet)

 

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